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COVID-19 | Le marché de l'emploi dans la RMR de Québec sur pause | Avril

Selon l’EPA, on estime qu’il y avait 400 000 personnes en emploi dans la région, soit 26 600 de moins qu’au mois de mars (-6,2 %) et 38 300 de moins qu’au mois de février 2020 (-8,7 %), des reculs attribuables aux impacts de la COVID-19.

Mises en garde

Les données disponibles pour la région métropolitaine de recensement de Québec subissent un traitement statistique particulier (moyenne mobile trois mois) en raison du petit échantillon, ce qui a pour effet d’atténuer les fortes fluctuations des données. Les circonstances actuelles génèrent des variations extrêmes qui ne peuvent être pleinement observées avec ces données. Veuillez noter également que nous utilisons des données comparables pour la province de Québec et les autres régions métropolitaines dans ce document. 

Les estimations du mois d’avril de l’Enquête sur la population active (EPA) ont été établies à partir des données obtenues auprès des répondants pour la semaine de référence du 12 au 18 avril. Au Québec, la restriction sur les activités et les services non prioritaires, selon l’ordonnance de la santé publique, fut pleinement effective à partir du 25 mars dernier. Rappelons que les estimations de l’emploi du mois de mars ont été établies à partir des données obtenues auprès des répondants pour la semaine du 15 au 21 mars, soit avant que le Québec ne « soit mis sur pause ». Notons aussi que les activités d’aménagement et d’entretien paysager, d’entretien et réparation de véhicules et l’exploitation minière ont été ajoutées à la liste des services et activités prioritaires à compter du 15 avril, soit au cours de la semaine de référence de l’EPA en avril. Les travaux sur les chantiers de construction résidentiels ont été autorisés seulement à compter du 20 avril, soit après la semaine de référence. Les données du mois d’avril de l’EPA montrent davantage l’effet de la pandémie sur le marché du travail que celles du mois de mars, cependant elles ne reflètent pas toute l’ampleur de l’arrêt économique ni toutes ses nuances.

La définition du chômage de Statistique Canada est basée sur l’activité de recherche d’emploi et sur la disponibilité à occuper un emploi. Ainsi, les chômeurs sont les personnes disponibles pour travailler qui, au cours de la semaine du 12 au 18 avril :

  • n’avaient pas de travail, mais en avaient cherché au cours des quatre dernières semaines;
  • avaient été mises à pied temporairement, mais s’attendaient à être rappelées au travail;
  • ou étaient sans emploi, mais avaient un emploi devant commencer dans les quatre prochaines semaines.

Pour en savoir plus, visitez : https://www150.statcan.gc.ca/n1/en/catalogue/71-543-G


Faits saillants

  • Selon l’EPA, on estime qu’il y avait 400 000 personnes en emploi dans la région, soit 26 600 de moins qu’au mois de mars (-6,2 %) et 38 300 de moins qu’au mois de février 2020 (-8,7 %), des reculs attribuables aux impacts de la COVID-19. 
  • Le nombre de chômeurs a bondi de 16 900 personnes (+67,9 %) en avril par rapport au mois de mars ainsi que de 23 100 (+123,5 %) par rapport au mois de février
  • Selon Statistique Canada, le taux de chômage de la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec a atteint 9,5 % au mois d’avril, une augmentation de 5,4 points de base depuis le début de la crise (février 2020).
  • Au Québec, les données comparables indiquent une chute du nombre de personnes en emploi de 266 800 par rapport à mars (-6,2 %) et 341 800 en moins qu’en février (-7,8 %). Quant au taux de chômage, il a atteint 9,7 % en avril.


Commentaire

Le Québec est en pause depuis le 25 mars dernier et le marché du travail de la région n’y échappe pas. Les données de l’Enquête sur la population active (EPA) du mois d’avril 2020 publié par Statistique Canada permettent de dresser, à grands traits, les répercussions immédiates liées au confinement sur le marché du travail. Or, les données disponibles à l’échelle de la RMR de Québec n’offrent qu’un regard partiel étant donné les effets complexes provoqués par la pandémie ainsi que le traitement statistique qui est appliqué par Statistique Canada.

Au mois d’avril 2020, on estime qu’il y avait 400 000 emplois dans la région, soit 26 600 de moins qu’au mois de mars (-6,2 %). Ce recul, attribuable aux effets de la COVID-19, est d’autant plus saillant en comparaison avec le mois de février 2020, où l’on dénombre 38 300 emplois en moins (-8,7 %). Quant au taux de chômage dans la RMR de Québec, il a atteint 9,5 %, soit une augmentation marquée de 5,4 points de base depuis le début de la crise (février 2020). Ainsi, le ratio de chercheurs d’emploi a rejoint un niveau observé pour la dernière fois au début des années 2000. Par ailleurs, l’impact de la pause se reflète sur le nombre de personnes ayant quitté la population active. Celui-ci se chiffre à près de 15 200 individus (-3,3 %) en moins entre février et avril 2020. Les circonstances exceptionnelles semblent avoir soutenu cette baisse, en raison des répondants ayant déclaré n’être ni en emploi ni à la recherche d’un emploi. Du côté du nombre de chômeurs, on remarque une hausse de 16 900 (+67,9 %) entre les mois de mars et d’avril. Par rapport au mois de février, cette augmentation se chiffre à 23 100 chômeurs (+123,5 %). De plus, le taux d’emploi, soit le ratio de l'emploi à la population, a chuté de 63,5 % en février à 57,9 % en avril. Notons qu’en avril de l’année dernière, ce taux était en croissance et s’élevait à 67,7 % dans la RMR de Québec.

Le recul d’emplois observé en avril a affecté l’ensemble des tranches d’âge de la population. Toutefois, à l’instar du reste de la province, on observe, chez les plus jeunes (24 ans et moins), une baisse de l’emploi et une hausse du chômage plus prononcée. Cette population est fortement représentée dans les secteurs d’activité où la proximité avec le public est importante. D’ailleurs, le secteur des services d'hébergement et de restauration est celui qui a essuyé le plus important recul au mois d’avril. L’industrie de la construction, ainsi que les services d’enseignement ont également été fortement touchés.

Les données de l’EPA pour la RMR de Québec donnent un aperçu du choc généralisé engendré par la COVID-19. À titre d'exemple, là où les données sont disponibles, on décèle une diminution marquée du nombre d’heures travaillées en février et avril ce qui n’est pas accessible à court terme pour la région. Au Québec, cette réduction est de l’ordre de 35 % alors qu’elle est de 28 % au Canada. La reprise graduelle des activités, tant attendue, devrait être palpable dans les données des prochains mois. Cependant, celle-ci sera déterminée par l’évolution de la crise, et il faudra attendre un bon moment avant de percevoir tous les impacts structurels de la pandémie sur le marché du travail.


Émile Émond
Économiste
Québec International

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