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L’économie mondiale ou l’art de défier le videUN NUMÉRO D’ÉQUILIBRISTELa situation économique aux États-UnisL’économie mondialeLa valeur des produits de baseLes effets sur notre économie et les opportunités à surveiller

Le 12 mai dernier, la tournée Parlons exportations 2015 s’arrêtait à Québec. Pour une sixième année consécutive, Québec International et Exportation et développement Canada (EDC) collaborait à l’organisation de ce rendez-vous privilégié avec M. Peter G. Hall, vice-président et économiste en chef d'EDC. L’occasion était toute indiquée pour les gestionnaires de la région de se renseigner sur la conjoncture économique mondiale et ses effets sur les entreprises d’ici. Retour sur cette conférence marquée par un contexte économique frayant son chemin sur un mince fil de fer.

Sur une note positive, le président-directeur général de Québec International, M. Carl Viel, a souligné en introduction la volonté marquée des entreprises de la région de diversifier leurs marchés de vente. Grâce aux résultats du sondage annuel Conjoncture 2015 : Indice de confiance des dirigeants d’entreprise de la grande région de Québec, il a indiqué que 46 % des entreprises de la région avaient réalisé des ventes hors Québec en 2014 et que les dirigeants souhaitaient maintenir le rythme puisque 48 % d’entre eux ont l’intention de diversifier leurs marchés en 2015.

UN NUMÉRO D’ÉQUILIBRISTE

Traverser le vide sur un simple fil de fer. Voici la comparaison qu’a utilisée M. Peter G. Hall pour imager la situation de l’économie mondiale. De fait, cette dernière a « survécu » à plusieurs dangers successifs (crise de 2008, difficulté de la relance en Europe, ralentissement en Chine, etc.). L’actualité fait toujours mention d’États aux gigantesques déficits fiscaux et d’importantes dettes publiques.

Comme si ce n’était pas assez, les crises géopolitiques ont aussi fait leur marque : le printemps arabe, le conflit en Ukraine, l’embargo avec la Russie, le refroidissement des relations de longue date entre les États-Unis et les États du Golfe, etc. Les crises météorologiques viennent ajouter également aux tourments. Finalement, sur les marchés financiers, les variations des produits de base et une plus grande variation dans les valeurs courantes des taux de change représentent deux autres preuves d’instabilité.

À la lumière de cette mise en contexte, il convient de se demander vers où se diriger comme gestionnaire d’entreprise. Pour présenter la situation économique actuelle et faire ses projections, l’économiste en chef d’EDC a abordé quatre sujets : l’économie étatsunienne, l’économie mondiale, la valeur des produits de base et les effets sur le Canada, plus précisément sur le Québec.

La situation économique aux États-Unis

Un élément essentiel à la durabilité de la croissance aux États-Unis est la demande comprimée.

Un déficit sévit actuellement dans la construction de logements. Après la crise de 2008, il se construisait 500 000 unités d’habitations par année, ce qui est anémique. Pour l’heure, la construction de 1,4 million d’unités par année est nécessaire pour maintenir l’équilibre de croissance. Ce n’est pas anodin.

Il importe également de noter que la consommation des ménages est toujours à la baisse. À eux seuls, ces deux éléments composent 70 % de l’économie aux États-Unis.

Enfin, signe encourageant, les industries renouent avec la croissance et utilisent à plein régime leur capacité de production. Avec une demande croissante, il y a donc beaucoup de potentiel pour les partenaires économiques de se positionner comme fournisseur pouvant soutenir la demande intérieure.

L’économie mondiale

S’il y a bel et bien une reprise économique marquée depuis le milieu 2013 aux États-Unis, pourquoi ne se constate-t-elle pas au niveau mondial?

M. Hall évoque que la situation de certains pays est un peu plus difficile. Nommons à cet égard le Brésil et la Russie. Par contre, l’Inde représente un énorme potentiel encore sous-exploité. Son ouverture économique, la jeunesse de sa population et la vitalité des IDE qui y sont investis, notamment pour les infrastructures, jouent en sa faveur pour le futur.

Du côté de la Chine, bien que son économie soit stimulée par des incitatifs gouvernementaux, les retombées d’une reprise pourraient être bénéfiques pour le pays et ceux limitrophes, comme les pays d’Asie du Sud-est.

La valeur des produits de base

Autre question : si nous assistons à une reprise mondiale présentement, pourquoi les produits de base sont-ils à la baisse?

Selon M. Hall, l’assouplissement quantitatif expliquerait cette situation. Pendant six ans, dans un contexte où des liquidités et des inventaires étaient gonflés, que l’économie était au ralenti et que certains incitatifs étaient mis en place, les prix à la consommation avaient réussi à se stabiliser. Par contre, au moment de renouer avec la croissance, les prix de ces produits de base auraient été rétablis à leur la « vraie » valeur.

Cette même logique s’appliquerait aussi à la chute des prix du pétrole. En réalité, M. Hall a laissé planer l’idée que nous ne connaissons plus exactement les valeurs réelles fondées sur une économie sans politiques monétaires et budgétaires de relance économique. Nous en sommes peut-être à tranquillement découvrir la nouvelle valeur des produits de base.

Les effets sur notre économie et les opportunités à surveiller

Nos exportations non énergétiques connaissent une très bonne progression actuellement. M. Hall a beaucoup d’espoir par rapport au taux de croissance du Québec en 2015-2016, estimé à 7 %. Il appréhende un bon développement de notre commerce extérieur, en Europe occidentale ainsi que sur les marchés émergents.

Plus près de nous, des secteurs sont à surveiller. M. Hall a parlé des machineries et équipements, de l’industrie de l’automobile et surtout les pièces automobiles, l’aéronautique et l’industrie forestière. À l’opposé, le secteur en chute libre est le secteur énergétique avec une performance de -23 %.