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Retour sur l’événement Perspectives internationales 2016

Les 85 participants réunis au Bonne Entente le 28 janvier dernier ont eu le droit à un échange de haut niveau sur les grands enjeux économiques mondiaux grâce à la présence de l’Honorable Jean Charest comme invité d’honneur et des trois panélistes Donald Cuccioletta, Me Richard Ouellet et Diane Belliveau.

M. Jean Charest a rapidement captivé l’attention par ses propos sur la situation mondiale et ses facteurs pouvant influencer la réalité politique et économique aux niveaux régional, provincial et national.  

Voici un bref résumé…

… à propos de la démographie et de la croissance du PIB

Au Québec, le vieillissement de la population est très certainement un enjeu de taille, bien que M. Charest n’y voie pas un «problème». Il importe, selon l’ancien premier ministre, de réaligner les idées politiques et sociales en fonction du vieillissement de la population, par exemple, en redéfinissant le marché du travail pour qu’il s’adapte à cette nouvelle réalité de travailleurs (horaires variables, flexibilité, etc.). Il mentionne également que nous vivrons une ère où la croissance économique sera beaucoup plus modérée que par le passé.

… à propos de la Chine…

L’hégémonie des États-Unis est révolue et la balance du pouvoir se déplace vers l’Asie et plus précisément la Chine. Les Américains cherchent à contrer ce mouvement en occupant, notamment, un rôle central dans les négociations entourant le Partenariat transpacifique (PTP) et en voulant accoucher d’un traité avec l’Europe. Pour se démarquer, le Canada aurait avantage à ratifier l’AECG rapidement, à adhérer à la Banque de développement asiatique initiée par la Chine et à profiter des opportunités en matière d’infrastructures liées à la stratégie chinoise « One Belt, One Road ».

… à propos des défis de l’économie canadienne 

Avec la baisse fulgurante du huard, les exportations n’ont pas augmenté de façon significative. Pour M. Charest, la grande occasion du Canada repose dans la mobilité de la main-d’œuvre. Par exemple, il y a une montée fulgurante de la classe moyenne en Chine et en Inde. C’est ce genre de population qui souhaite se déplacer et qui peut venir enrichir notre économie canadienne, obsédée par l’économie du savoir, ce qui plaît à l’ancien premier ministre.

Une année électorale aux États-Unis

Chargé de cours à l'Université du Québec en Outaouais (UQO), chercheur à la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques (UQAM) et membre du Collectif d’analyse politique, M. Donald Cuccioletta s’est prononcé sur la situation aux États-Unis d’Amérique dans le contexte de cette année électorale.

Ce dernier va de pair avec M. Charest : la Chine est la principale menace pour les États-Unis. Il a aussi fait part du danger de la montée du populisme et du nationalisme – non limitée à ce pays –, qui risque d’avoir un impact néfaste mondialement. L’abstraction et le dédain de la mondialisation et des alliances économiques par les principaux candidats à la Maison Blanche en sont des effets pervers. Ce qui l’inquiète davantage, c’est la dérive que vit la famille républicaine en faisant une trop grande place à des groupes d’extrême droite comme le Tea Party.

Enfin, M. Cuccioletta est d’avis que, d’un point de vue purement économique, des gouverneurs d’État et certaines villes importantes ont un pouvoir beaucoup plus concret sur leur économie et qu’il faudrait cesser de voir le pays de manière monolithique avec Washington comme centre décisionnel.

L’Europe économique, politique et sécuritaire : perspectives, opportunités et défis

Professeur titulaire de droit international économique à la Faculté de droit et à l’Institut québécois des hautes études internationales (HEI) de l'Université Laval, Me Richard Ouelleta su présenter un portrait fascinant de l’Europe.

Depuis un peu plus d’une dizaine d’années, le multilatéralisme a dévoilé certaines limites. L’Europe en vit peut-être justement les conséquences, étant aujourd’hui une puissance économique ayant une monnaie instable. Me Ouellet note également des lacunes pour l’Union européenne : leur politique militaire, leur politique environnementale, leur dépendance à la Russie et au Moyen-Orient en matière d’approvisionnement en ressources énergétiques.

Il demeure néanmoins que les consommateurs européens sont les plus riches au monde en moyenne, ce qui en fait un marché de consommateurs très intéressant. Mais la conjoncture économique mondiale et leur position géopolitique ne les avantagent pas énormément pour de potentiels traités de libre-échange qui stimuleraient leur économie.

Les marchés à forte croissance

Directrice régionale du district de l’est du Québec chez Exportation et développement Canada (EDC), Mme Diane Belliveau a traité d’économies émergentes, son sujet de prédilection.

Elle affirme que les pays du BRICS ne représentent plus la manne annoncée, du moins, avec autant de certitude. L’Inde et la Chine poursuivent leur croissance, mais connaissent des ralentissements.

Le message est tout de même clair : les pays qui présentent le plus grand taux de croissance ne sont pas nécessairement ceux qu’il faut cibler. De l’avis de Mme Belliveau, les États-Unis, l’Europe, la Chine et le Mexique demeurent de bons choix.

D’un point de vue plus positif, la représentante d’EDC demeure confiante : malgré la période économique morose et mouvementée, une croissance sera visible en bout d’année.